top of page

Vous devriez écrire une lettre d'adieu à votre métier.


En 2015, Kobe Bryant a écrit sa lettre d’adieu au basketball.


Publiés dans The Players Tribune - le 1er média qui donne voix aux athlètes - les quelque 300 mots annoncent la fin de la carrière professionnelle de celui qu'on surnommait Black Mamba et reviennent sur ce que le basket a apporté à Kobe et ce que Kobe a apporté au basket. En voici un extrait (traduction personnelle):


"Cher Basketball,


À partir du moment où j'ai commencé à remonter les chaussettes de mon père et lancer des tirs décisifs imaginaires dans le Great Western Forum, j'ai su une chose : je suis tombé amoureux de toi.


Un amour si intense que je t'ai tout donné: mon corps, mon esprit ainsi que mon âme. Comme un petit garçon de six ans, éperdument amoureux de toi, je n'ai jamais vu le bout du tunnel. Je n'ai vu que moi-même en sortir à chaque fois que je courais. Et j'ai couru. A droite, à gauche, sur chaque terrain, tout le temps. Tu me demandais de courir après chaque ballon perdu. Je t'ai tout donné, cœur compris. Parce que j’ai reçu bien plus.


J'ai joué malgré la fatigue et les blessures, pas par défi mais parce que TU m'appelais. J'ai tout fait pour TOI.


Tu as offert à un garçon de six ans son rêve de Lakers et je t’aimerai toujours pour ça. Mais je ne peux pas t’aimer avec la même obsession encore très longtemps. Cette saison est tout ce qu'il me reste à te donner.


Mon cœur peut encaisser les coups. Mon esprit peut gérer le combat. Mais mon corps sait qu’il est temps de dire au revoir.


Je suis prêt à te laisser partir. Je veux que tu le saches. Ainsi, nous pourrons tous deux savourer nos derniers instants ensemble. Les bons, les mauvais, nous avons partagé tout ce que nous avions.


Et on sait tous deux, peu importe ce que l'on fera à l'avenir, que je resterai cet enfant avec les chaussettes remontées, la poubelle dans le coin avec 5 secondes restantes à l'horloge, le ballon dans mes mains. 5...4...3...2...1.


Je t’aime pour toujours,


Kobe"


Mince, j’ai traduit toute la lettre. Mais elle est belle. N’est-ce pas ?


On devrait toutes et tous écrire une lettre à notre métier


Si vous vous intéressez à l’écriture, c’est que vous êtes sans doute comme moi. Vous avez choisi votre métier. C’est un peu votre passion, un peu votre obsession ; ou un truc entre les deux.


Vous et moi, on n’a pas choisi un chemin tout tracé mais dès qu’on a pu, on a pris la tangente, on suit désormais l’école buissonnière, on avance cœur ouvert coûte que coûte, on donne tout parce qu’on brûle de laisser une trace, de se retourner et de dire “tiens, ça, tu vois ça là, bah c'est moi qui l'ai créé."


On pense impact.


Mais lequel ? Et comment ? En 2020, cette question hantait mes nuits. L'impression de travailler dans le vide. De n'être qu'une machine à écrire sur pattes.


J'ai décidé d'arrêter d'écrire.


Alors j’ai fait comme Kobe Bryant, à mon modeste niveau: j’ai pris un papier et un stylo, et j’ai rédigé une lettre d’adieu qui servirait de départ officiel et m’empêcherait de revenir en arrière. Je déteste revenir sur mes décisions parce que je me suis toujours méfié des gens qui reviennent sur les leurs.


Mais en griffonnant la page, je me suis aperçu que je n’en avais pas terminé avec l’écriture en ligne. Qu’elle avait encore beaucoup à m’apporter et, surtout, que je devais encore apporter ma pierre à l’édifice.


Je me suis donc dit: plutôt que d’écrire une vraie lettre d’adieu, je vais en écrire une fausse. Enfin - une vraie mais anticipée, comprenant ce que je veux que le copywriting m’apporte et ce que je veux apporter à ce métier.


Croyez-le ou non, mais tout est devenu plus clair: après cet exercice, j’ai su où je voulais aller et surtout où je ne voulais plus mettre les pieds.


Mais entre-temps, la routine couplée à un emploi du temps surchargé ont eu l’effet d’une vague sur des lettres inscrites dans le sable. J’ai peu à peu oublié le contenu de la lettre et j’ai continué à écrire en mode automatique, jusqu’à me retrouver à la case départ.


On devrait écrire une lettre, puis la relire à intervalles réguliers


C'est ce que j'ai fait dernièrement. Je me suis aperçu de deux choses.


Là où l’écriture m’apporte le plus actuellement, c’est dans les échanges entre créateurs ou entrepreneurs qui connaissent la valeur de cette compétence parce qu’ils la pratiquent au quotidien.

Là où je peux apporter le plus à l’écriture, ce n’est pas en tweetant 10x par semaine sur la structure de storytelling de Steve Jobs, en écrivant 20 pages de vente en 20 jours, en trouvant des idées de campagnes pour des grandes marques mais dans un truc beaucoup plus simple: inciter les gens à écrire.


Prenez-moi pour un c*n mais je trouve ça émouvant de voir quelqu’un se démener avec sa tête et ses doigts pour coucher ses pensées, ses idées et ses connaissances sur une page. Ou plutôt un fichier Word.


C’est l’une des compétences les plus précieuses de l’humanité mais c’est p*tain de difficile. Elle demande de la pratique. Beaucoup de pratique. De la motivation. Beaucoup de motivation.


Et je sens que c’est précisément de là où je peux mettre un trois points à la Black Mamba.

Comments


bottom of page