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Jurassic Park est une histoire d'amour, pas de dinosaures.



Jurassic Park n’est pas un film sur les dinosaures mais d’amour.


Matthew Dicks est un storyteller professionnel, connu grâce à ses performances à The Moth, un événement dédié au storytelling. Il travaille comme coach en narration et consultant pour des marques comme Unilever, Johnson & Johnson et Lego. Il est l’auteur du livre StoryWorthy.


Il y explique que chaque histoire se déroule autour d’un seul moment, qui dure entre 2 et 5 secondes.


5 secondes qui changent une vie


C’est un moment qui incarne un changement. Une transformation, aussi minime soit-elle.


Tout le but de l’histoire est de dramatiser au maximum ce moment. C’est pour cette raison qu’il se trouve généralement vers la fin du récit et que ce dernier débute dans la situation opposée au moment en question. Si vous n’avez pas ce moment, vous n’avez pas d’histoires (même s’il y a des dinosaures qui menacent de vous tuer.)


Qu’importe le format - un épisode de 25 minutes, un film d'1h30 ou un roman de 500 pages - le but est toujours le même: dramatiser un moment de 5 secondes.

L’idée est provocatrice, audacieuse.


A tel point qu'elle semble farfelue.


Mais Matthew Dicks donne une série d’exemples. Le meilleur est celui de Jurassic Park de Spielberg.


Petit rappel parce que le film a déjà 30 ans…

Ne pas réveiller le chat qui dort - c'est ce que le milliardaire John Hammond aurait dû se rappeler avant de se lancer dans le clonage de dinosaures. C'est à partir d'une goutte de sang absorbée par un moustique fossilisé que John Hammond et son équipe ont réussi à faire renaître une dizaine d'espèces de dinosaures. Il s'apprête maintenant avec la complicité du docteur Alan Grant, paléontologue de renom, et de son amie Ellie, à ouvrir le plus grand parc à thème du monde.


Ça, c’est un aperçu du film, mais ce n’est pas une histoire.


Platonic Park: l'impossible love story


Concentrez-vous. C'est parti.


Le milliardaire John Hammond invite le paléontologue Alan Grant et la paléobotaniste Ellie Sattler sur son île.


Les deux scientifiques en rejoignent d’autres pour donner leur avis sur un parc d’un genre particulier: peuplé de dinosaures clonés.


La 1re partie du film est consacrée à la présentation des personnages. On découvre, comme par hasard, que Grant et Sattler sont un peu plus que des collègues. Grant trouve que la botaniste est une belle plante et Sattler s’intéresse à l’anatomie du paléontologue (pas ouf les jeux de mots.)


Jurassic Park: la mise à l’épreuve de cet impossibilité


Grant ne s’intéresse qu’à son métier et surtout déteste les enfants. Sattler, elle, souhaite avoir des enfants.


On comprend que leur amour est impossible quand Sattler grimace suite à une remarque de Grant. Il lui demande comment elle peut nourrir autant d’affection pour des êtres inutiles et puants.


Oui mais voilà: sur l’île, les dinosaures s’échappent du parc et menacent de tuer tout le monde. Et avec qui se retrouve Grant ? Avec les deux petits-enfants de John Hammond.


Les dinosaures, c’est l’enjeu. C’est l’élément déclencheur qui va mettre à l’épreuve Alan Grant et son opinion sur les enfants. C’est aussi ce qui nous donne envie d’aller voir le film au cinéma.


L’effet wow.


Pas l’histoire mais son potentiel.


L’instinct paternel insoupçonné du paléontologue


Je ne vous refais pas tout le film mais dans la 2e partie Alan sauve les deux enfants d’une attaque.


Plus tard, le trio se retrouve coincé dans un arbre pour échapper à un brachiosaure. Ils doivent y passer la nuit. Tim, un des enfants, fait des blagues sur les dinosaures et Grant se marre. L’autre, Lex, demande:

« Et si les dinosaures viennent pendant qu’on dort ? »

Grant dit: « Je resterai éveillé. »


Et là... le moment fatidique.


Et là, à travers le regard apaisé des enfants, se matérialise l’amour paternel insoupçonné de Grant.

Il s’est transformé. On tient notre moment de 5 secondes. Tout le film sert à le dramatiser.


D’ailleurs, un peu avant ça, les enfants demandent à Grant ce que lui et Sattler vont faire une fois qu’ils n’auront plus à étudier les ossements de dinosaures.


Il dit: « Je ne sais pas. Je pense qu’il faudra qu’on évolue, aussi. »


Romantic Park: rideau de fin


A la fin, Sattler, Grant, Hammond, Malcolm et les deux gosses s’échappent de l’île en hélicoptère. Tout le monde dort, lessivé. Grant est d’un côté, entouré des deux enfants, qu’il protège encore de ses bras. De l’autre côté, il y a Sattler, qui assiste à la scène. Elle sourit. Grant ouvre légèrement les yeux, voit le sourire de Sattler, sourit à son tour, regarde chacun des enfants, continue de sourire.


Tout est beau qui finit bien: les dinosaures ne sont plus une menace et, surtout, l’amour est enfin possible.


Jurassic Park n'est pas un film sur les dinosaures mais d'amour.

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