Il baisse la tête, puis la relève. Écarquille ses yeux tout ronds. Pose le doigt sur le bout de son nez. “Joe Frazier n’a pas d’imagination ! George Foreman non plus ! Ce ne sont que des boxeurs au nez écrasé !”
On connaît bien Ali le boxeur, moins Ali le poète.
Si loquace à l’oral, la grande gueule de Louisville était plus pudique concernant ses écrits. Il n’en parlait que rarement. Et à des journalistes triés sur le volet.
Parmi les heureux élus, Victor Bokris. Quand les deux se rencontrent, la légende de la boxe lui déclame ce poème à plusieurs reprises.
L’homme sans imagination,
A les pieds sur terre.
Dépourvu d’ailes,
Il ne peut s’envoler.
Pour l’illustrer, il continue en puisant dans son expérience de la boxe, écrasant son nez avec le doigt.
Joe Frazier n’a pas d’imagination ! George Foreman non plus ! Ce ne sont que des boxeurs au nez écrasé. Crochet du gauche par-ci, crochet du droit par-là, mais ça attire pas les femmes qui aiment les patineurs. Ça attire pas les fans de bridge. Ça attire personne en Afrique ou en Angleterre. Alors que mon image et mon imagination les attirent. Mais les boxeurs, eux, n’attirent que les fans de boxe.
Pourquoi Mohamed Ali est entré dans la légende, alors qu’hormis une poignée de mordus de boxe, personne ne se rappelle des noms de George Foreman ou Joe Frazier ?
Ce n’est pas une question de compétence. Quand Smokin’ Joe et Ali se sont affrontés, c’est certes ce dernier qui a gagné, mais sur le fil. Après le Combat du siècle, les deux poids lourds ont dû récupérer leur force à l’hôpital, plusieurs jours durant. Ali dira qu’il n’a jamais vu la mort d’aussi près.
Non, ce qui fait la différence, c’est une question de personnalité.
Une attitude.
Ali avait l’arrogance du talent sur les lèvres. La rage du guerrier dans les yeux. La folie de l’artiste au bout des doigts.
Alors qu’à son époque les boxeurs se bornaient à faire hurler leur poing (ce qui est déjà pas mal), lui avait tellement de flow quand il communiquait que certains estiment qu’il a inventé le rap.
Son don à lui, c’était de tout transformer en combat. Sur un ring, mais surtout hors du ring. Avec ses poings, ses mots, ses écrits, ses discours, ses idées, peu importe: dès qu’une caméra se braquait sur lui, il posait une estrade et des ficelles.
Avant un match, il prédisait à quelle reprise il allait mettre K.O. son adversaire. Il l’affrontait déjà.
Un jour après avoir battu le champion des poids lourds Sonny Liston et alors qu’il était au sommet de son pays, il a annoncé publiquement son adhésion à la Nation of Islam, s’attirant les foudres des médias.
Il a refusé de servir l’armée américaine au Vietnam, perdant pendant 4 longues années sa licence de boxe.
Il se battait pour ses convictions, coûte que coûte.
Mohamed Ali ne se contentait pas d’être le meilleur, il avait le courage d’être différent.
Les boxeurs se battent entre eux, les footballeurs tentent de remporter des matchs, les copywriters écrivent des mots qui vendent et expliquent à d’autres copywriters comment écrire des mots qui vendent.
C’est très bien, mais on n’attire pas les foules avec des articles du genre “pourquoi un copywriter n’est pas un ghostwriter ?”
Tout le monde s’en tape.
Alors à la place, fais comme Ali: prends ta compétence, ton unicité et fais marcher ton imagination pour embraser le monde de leur mélange.
Perso, mon job, c'est copywriter et pas coach en copywriting.
Perso, mon job, c'est de changer les perceptions grâce aux mots, pas d'expliquer comment le faire.
Je vais arrêter avec les tips d'écriture sur ma newsletter.
A la place, je vais redoubler d'efforts pour trouver et écrire des histoires qui te donnent envie de développer ta créativité et de marquer le monde de ton audace.
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